Il existe plusieurs (7) sortes d’arguments, que je vous conseillons de panacher au sein de l’exposé :
Les arguments logiques, qui font appel à la raison. C’est le rationnel.
Les arguments de valeur qui invoquent les grands principes (légitimité, moralité) ou les fondements de notre société (égalité, liberté, justice…). C’est le raisonnable, le moral. Peut-on accepter moralement l’excision des petites filles ? La persécution des gays ? Des opposants politiques, etc. ? NON, au nom de la morale, de principes éthiques universels.
Les arguments scientifiques, qui font consensus auprès de la communauté scientifique et qui sont décrit par des lois ou par des théorèmes, par exemple.
Les arguments de droit, qui font référence à la loi. Par exemple, droit à l’avortement, droit du travail.
Les arguments de fait, qui évoquent une réalité connue de tous, un fait, un évènement, une étude, le résultat d’une expérience ou une observation …
Les arguments d’autorité, qui s’appuient sur une personne reconnue ou une « Institution » (« Descartes pense que … », « Sur le site de l’INSEE … »).
Les arguments tirés de votre expérience personnelle ou de celle d’autrui (connaissance par ouï-dire comme le dit Spinoza.
Pour établir la vérité d’une affirmation déterminée, il faut la fonder sur des arguments, des preuves rationnelles, qui auront une valeur universelle, c’est-à-dire pourront être reconnus valables par tous:
a) Par exemple pour réfuter la thèse relativiste « Toutes les opinions se valent » ou que « tout est vrai ». Si vous dites que tout a une égale vérité, vous devez accepter l’idée que « Tout est faux » est également vrai. On aboutit à une contradiction logique car si tout est vrai, tout est également faux.
b) Pour réfuter la thèse suivante: « Faut-il tolérer toutes les opinions ? », vous direz: une tolérance absolue envers les intolérants peut conduire à la disparition même de la tolérance, car les intolérants peuvent profiter de cette tolérance pour détruire la société tolérante. Dès lors, il est nécessaire de défendre la société tolérante contre les assauts des intolérants, même si cela implique parfois de recourir à la force.
ATTENTION À NE PAS CONFONDRE UN ARGUMENT AVEC :
– UN EXEMPLE : celui-ci ne constitue jamais une preuve ; ne renvoyant qu’à un cas particulier, il n’a aucune valeur universelle. Multiplier les exemples allant dans le même sens (celui de la thèse) pour obtenir l’assentiment d’autrui relève d’une technique de persuasion (rhétorique), qui n’a rien à voir avec une démonstration rationnelle. L’accumulation d’exemples convergents pourra d’ailleurs toujours être contredite par un autre cas particulier, un contre-exemple, la généralisation empirique mise en défaut par une exception.
Un exemple n’a donc en soi aucune valeur rationnelle : se retrancher derrière des faits, c’est faire l’économie de la réflexion, en substituant la description à l’explication.
Cela ne signifie pas qu’il faut supprimer les exemples, qui peuvent et doivent nourrir nos raisonnements (ceux-ci visent à expliquer, comprendre la réalité par un processus d’abstraction – analyse, recherche de lois etc. : il ne s’agit donc pas de se couper de la réalité, mais de la penser), mais qu’il faut :
– d’une part comprendre qu’ils ne sont qu’une matière première, un point de départ pour la réflexion ou une illustration : tout exemple doit être ANALYSÉ, c’est-à-dire que l’on doit en dégager les éléments significatifs et passer ainsi du plan empirique à celui de l’explication, ou l’inverse.
Exemple : pour un sujet comme « sommes-nous toujours responsables ? », il peut être intéressant d’analyser la situation courante où l’on dit « ce n’est pas ma faute », « je ne l’ai pas fait exprès », pour montrer que la possibilité d’imputer quelque chose à quelqu’un suppose non seulement un élément matériel mais aussi un élément moral, et mettre ainsi en évidence le lien entre les notions de responsabilité, de volonté et de liberté.
– en faire un usage critique : se demander si l’exemple choisi est vraiment représentatif d’une règle générale, s’il peut vraiment fournir un appui au raisonnement qu’on défend.
Exemple : pour un sujet comme « nos jugements esthétiques sont-ils conditionnés par notre éducation ? », il n’est ni efficace, ni pertinent d’avancer l’exemple : « mon grand-père, qui était ouvrier, aimait beaucoup Debussy » pour réfuter la thèse sociologique, statistiquement établie, selon laquelle le milieu socio-culturel d’origine détermine les goûts artistiques des individus (cf. Bourdieu, la Distinction).
– L’ARGUMENT D’AUTORITÉ , qui consiste en une proposition fondée sur le prestige intellectuel ou moral d’un homme, et non sur une argumentation rationnelle. La dissertation exige que l’on fasse usage de sa propre raison, qu’on exerce son jugement critique : il ne s’agit pas de faire penser les autres à notre place (cf. la minorité intellectuelle définie par Kant dans Qu’est-ce que les Lumières ? : « l’incapacité de se servir de son entendement sans la conduite d’un autre »).
La référence à un auteur ne constitue pas en elle-même une preuve. Cela ne veut pas dire qu’il faut renoncer à l’usage de références philosophiques, mais que celles-ci n’ont d’intérêt qu’à condition de nous faire penser, mieux ou plus loin. Les concepts élaborés par les auteurs pour répondre à des problèmes qu’ils se posaient, peuvent nourrir la réflexion, à condition d’être assimilés et intégrés à notre propre démarche.
toute référence à la doctrine d’un auteur doit être justifiée : il faut montrer en quoi cette référence est utile et pertinente dans le cadre du problème à traiter.