La réussite d’un Grand Oral est conditionnée par la problématisation du sujet : si l’on ne transforme pas la question posée en problème, la réponse au sujet ne pourra être que superficielle et anecdotique. A la différence d’une question à la réponse binaire (oui/non), un problème confronte la pensée à des difficultés empêchant toute réponse automatique. En effet, en transformant la question en problème, on s’aperçoit qu’il y a plusieurs manières de répondre au sujet, plusieurs perspectives divergentes ou opposées. Pour traiter le sujet, il faudra donc examiner l’intérêt et les limites de chacune de ces perspectives.
La réponse à une question relève de l’opinion. Le problème, lui, relève de la réflexion cad de la pensée.
Il ne faut pas vous contenter de poser une question. Il vous faut soulever un problème, répondre à une problématique.
Une simple question est souvent concrète et spécifique, avec des circonstances ou des variables définies. Par exemple: « Comment réduire le taux d’inflation dans une région donnée ? »
A l’inverse, la problématique, elle, est abstraite, conceptuelle, elle vise à explorer les causes, les conséquences, les relations ou les contradictions entre différents aspects d’un sujet. Exemple : « Quels sont les facteurs micro et macro économiques qui influent sur le taux d’inflation dans une région donnée ? »
En effet, constater, mesurer le fait de la hausse des prix, ce n’est pas encore comprendre la problématique complexe de l’inflation, de ses causes, de ses mécanismes et de ses conséquences sur les agents économiques.
La problématique, c’est l’ensemble du ou des problèmes que pose une question particulière, un phénomène physique, un événement historique, une situation, ou encore un fait, etc. Problématiser un sujet, c’est préparer le plan de progression de la réflexion.
Par exemple pour le sujet: Une culture peut-elle être porteuse de valeurs universelles ? (en HLP) ⇒ La problématique du Grand Oral pourra s’énoncer ainsi: Comment ce qui est seulement particulier (une culture) pourrait-elle contenir de l’universel (cad des valeurs valables partout, pour tous et tout le temps) ? Les valeurs sont-elles relatives ou universelles ? Si elles sont relatives, les hommes forment-ils encore une seule et même humanité ? Si elles sont universelles, l’humanité pourra-t-elle, un jour, espérer se réconcilier avec elle-même ?
L’absence de problématique, c’est l’absence de problème soulevé par la question posée. L’absence de problématique donne à l’oral l’aspect d’un exposé sans ordre ni nécessité, quand ce n’est pas celui d’un défilé informe de lieux communs ou de généralités.
NB : un problème porte sur un domaine concernant l’Humanité, l’Universalité, la Vérité, la Moralité, etc.
Un problème ne renvoie jamais à une simple QUESTION DE FAIT (question portant sur l’existence de telle ou telle donnée toujours contestable).
Un problème peut renvoyer à une QUESTION DE DROIT (cad de légalité)
Un problème peut renvoyer à une QUESTION DE DEVOIR (cad de légitimité, d’obligation)
Un problème peut renvoyer à une QUESTION D’ESSENCE (cad de définition)
Un problème peut renvoyer à une question DE NECESSITE (cad de contrainte).
Exemple : « peut-on cloner un homme ? » (Spécialité HLP – SVT) => Il faudra d’abord poser des Question de fait : est-ce qu’on dispose actuellement des techniques pour le faire ou est-ce que la législation en vigueur dans tel ou tel pays autorise le clonage ? En dernier lieu, il faudra se poser des Questions de droit : est-ce que c’est moralement acceptable ? Est-ce qu’il serait juste d’autoriser la pratique du clonage ? De la réglementer ?
En résumé, une question invite à une réponse immédiate, binaire, tandis qu’une problématique représente un cadre conceptuel plus large et plus profond. Une problématique interroge les fondements, les causes, les conséquences d’une simple question et elle invite à proposer des solutions, voire même des résolutions.